Arts Visuelles
Arts Visuelles 

Miguel Parra-Urrutia

Né à Concepción (Chili) en 1969.

Depuis 1996, Miguel Parra-Urrutia explore diverses techniques (depuis les plus sophistiquées, comme la sérigraphie, la photographie, la vidéo ou l’impression numérique, aux plus traditionnelles, comme la peinture ou la broderie) pour transférer sur de grands supports textiles des portraits, tels des chromos livrés au vent, qui proposent, exposent et dialoguent avec diverses représentations d’une humanité en errance.

Ses installations s’inspirent à la fois de son expérience d’expatrié, forcé par son histoire nationale et familiale, et de son travail avec des émigrants en difficulté; raison pour laquelle il a trouvé dans l’idée de circulation une véritable ressource pour sa démarche artistique.
La représentation figurative, l’emploi de techniques picturales classiques, les grands formats,le recours à des procédés informatiques divers, ainsi que l’utilisation de la biographie et de la sociologie pour lire le contexte sociopolitique contemporain caractérisent sa production visuelle. Si son installation intitulée «Notre Dame des Faubourgs» (1999) fixait sur du linge de table amidonné une photographie mortuaire de sa mère, image liturgique imprimée, repeinte et rebrodée, d’autres œuvres – «Emblemática» (1992), «Ocho horas» (1998) et «Feria Libre Memorial» (2000) – sortent du registre de la mémoire intime pour accueillir des portraits anonymes. Le geste se fait alors plus résolument politique, proposant

un espace collectif participatif, où la notion même de communauté se trouve à la fois représentée et interrogée, au-delà des mémoires officielles.

Si son travail a toujours été lié à l’idée de voyage, de circulation et de transit, cette problématique prend depuis 2003 une inflexion plus décisive, comme c’est le cas de l’installation «Los niños del viento» (2003-2006) qui recueille et projette sur des draps la trace, les vestiges, de diverses expériences infantiles traumatiques .

Son dernier travail «Louis Eden projet» est défini par lui-même comme un «work in progreso», jouant ainsi avec l’idée d’œuvre hybride, en construction, en devenir. Ce travail, qui porte le nom d’un indien patagon, affublé à son insu du patronyme «Eden», a pris forme à partir d’une série des dessins de facture très classique, qui a servi de story board pour la série de vidéos. Le travail, tant sur la dynamique «délocalisation/ circulation planétaire» que sur la dialectique «perturbation identitaire/ identité multiple», est ainsi cristallisé par ce personnage, mi-héros, mi-humain, mi- clown contemporain, mi-ouvrier, mi-SDF planétaire, qui se déplace de façon étrange de continent en continent. Sa «maison» est une tente blanche qui a les mêmes dimensions que les tentes de l’ONU, entièrement brodée de représentations hétéroclites et contemporaines d’un «Eden promis». Il est toujours habillé du même «blanc de travail» et de son casque «supersonique»; il ne mange jamais, mais il aime la nourriture interdite par les religions du Livre... Louis Eden constitue ainsi une métaphore des déplacements des peuples, de la circulation des capitaux humains, financiers et économiques. «Louis Eden projet» est un dispositif multimédia qui a pris la forme d’un site internet, d’un journal intime, de collages numériques, d’installations, et de projections vidéo géantes.

Le travail de Miguel Parra-Urrutia a été reconnu pour sa qualité, sa rigueur et sa singularité par des organismes internationaux et par la critique spécialisée. Il a représenté la France dans plusieurs biennales d’art contemporain. Sa réflexion artistique est constamment mise au service d’une visibilisation de ce que parfois l’histoire et la société ne veulent pas montrer.

                                                                                                 Stephanie Decante



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© Miguel Parra Urrutia